Chine Chine bis repetita

Publié le par Norois

. A lire absolument, sur le site de Marianne.fr, l’article de Philippe Cohen sur la visite du numéro 1 chinois, Hu Jintao. Message essentiel : le débat entre « droit-de-l’hommistes » et « réalistes » sur la Chine est fantasmagorique. « En réalité, explique Philippe Cohen qui connaît bien l’économie chinoise, l’acceptation d’un business aux conditions de la Chine ne nous prive pas seulement de notre liberté de parole, elle enraye notre développement économique. Car l’échange commercial proposé par les dirigeants de Pékin n’est pas neutre : après avoir aspiré le travail industriel du monde entier, les Chinois sont en train de monter en gamme, contrairement à la prévision débile de nos élites dans les années 1990 qui nous assuraient que le travail à haute valeur ajoutée resterait dans les pays développés. On voit bien aujourd’hui le marché de dupe des grands contrats chinois : Total ne signe son contrat du jour qu’en acceptant le transfert de technologie -comme Airbus l’a déjà fait et comme Areva risque de le faire sous la pression d’EDF- qui permettra aux industriels chinois de se passer de nous » quand ils auront « aspiré » notre savoir-faire. Alors pourquoi cette politique de « l ’esclave consentant », comme le dit Cohen, sinon pour donner du cash à court terme aux groupes du CAC 40 ? Pourquoi ce silence assourdissant de la rue de Solferino alors qu’une politique alternative (européo-russe ou indienne) est possible. Après tout les gouvernements allemands ou britanniques réussissent à faire du business sans rien lâcher sur les Droits de l’homme. Nous serions plus intelligents ? « Arrogance française » comme disait l’Icelui en d’autres temps ? A quoi servent toutes ces courbettes à 16 milliards d’euros ? A renforcer le rôle de la « Chine communiste », nouveau banquier du monde… capitaliste et sauveur du système financier néolibéral ? Quelle est cette vision stratégique dingue alors que nombres de sinologues s’inquiètent de « l’épidermisme dangereux » du nouveau colosse jaune ? Contrairement à ce que l’on nous serine du coté de l’Elysée, des banques ou d’HEC, la Chine -dont  Shanghai ne reflète en rien la réalité économique globale- est fragile. Elle ne compte -une misère à l’échelle du pays- que 40 millions d’habitants au seuil des 20 000 € de revenus annuel et n’a pas de vraie classe moyenne. Le pouvoir n’y a d’ailleurs aucun intérêt… Une classe moyenne émergente est toujours une classe avec un désir d’émancipation. Et de pouvoir. L’Empire du milieu, plus corrompu que l’on dit, compte par contre avec sa croissance à deux chiffres quelques millions seulement de privilégiés -une deuxième misère, pas mal de cinglés au comité central du PCC près à monnayer chèrement le maintien de leurs privilèges, toujours un petit milliard de paysans pauvres dont une bonne partie déracinés, une armée plus hétérogène qu’il ne semble, deux « abcès de fixation politique » entre Formose et le Tibet, et plus de 250 millions de musulmans ! Ca fait beaucoup de contradictions pour un pays encore officiellement marxiste…

 

. Le citoyen Hirsh, haut commissaire aux solidarités actives, a donc failli se faire sucrer son salaire via un amendement, téléguidé par Jean-François Copé, le patron du groupe parlementaire UMP, et déposé par les députés-soldats Bernard Debré, Louis Giscard d'Estaing et Nicolas Dhuicq. On ne reviendra pas sur la mesquinerie de la manœuvre. Elle voit des élus du peuple tenter d’utiliser la procédure parlementaire pour régler des comptes personnels. Elle illustre aussi par l’absurde la confusion des genres entre les domaines publics et privés encore par trop inscrites dans la tête de certains parlementaires qui se pensent toujours sous Louis XVI Capet. Mais qu’avait donc notamment rappelé l’em… citoyen Hirsh dans son bouquin « Pour en finir avec les conflits d’intérêts » ? Que le patron du groupe parlementaire le plus puissant de l’assemblée, l’ancien ministre du budget Copé, responsable en son temps d’un amendement permettant aux grands groupes de défiscaliser la vente de leurs filiales, bagatelle qui a déjà couté 22 milliards au pays, émarge toujours comme conseiller d’affaires dans un des plus grands cabinets d’avocats de Paris. L’Autre, piqué au vif comme un porc-épic et ne voyant point du tout où serait le lézard éthique, a naturellement fait sonner la charge par ses aficionados. Avant que le représentant du gouvernement voyant tout de même le risque de dégâts politiques collatéraux envers Vous Savez Qui ait sifflé la fin de la récréation. Il reste qu’Hirsh, pour lequel l’auteur de ces lignes n’a pas de sympathie particulière, a tout de même quelques vertus manifestement étrangères au petit livre intérieur du député-maire Copé. Il ne cumule pas des appointements et des fonctions, il n’a pas l’ambition de devenir président de la République, et il avoue ne pas tout savoir du monde et de la vie. En ne disant pas à tout bout de champ « moi je vais vous dire »… Et puis le nom du citoyen Hirsh restera  attaché au RSA. Autrement dit à une réforme relevant de la solidarité et publiquement débattue et non à une mesure balancée à la sauvette pour la seule satisfaction du Medef en sans doute prévision de futurs soutiens nécessaires.

 

. Ah, le feuilleton Fillon-Borloo, qui excite l’Elysée et les rédactions parisiennes, mais dont mon copain Albert, paysan du Lot et Garonne, se contrefiche, continue. Que les archevêques s’excommunient entre eux. Je m’en fou donc aussi.

 

Citoyens…

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